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les fondements de l'art du piano
Qu’est-ce qu’être musicien ?
La clé de l’audition intérieure
Développer sa musicalité
Maitriser sa technique
L ’art du toucher
Une voie d’éveil
Qu'est-ce qu'être musicien ?
Etre musicien, c’est parler un langage, avant même que de savoir le lire et l’écrire (ce qui est le but du solfège), et un langage plein de vie, ce langage même de la Vie qu’est la Musique.
Le parler, cela veut dire pouvoir y mettre du sens, l’utiliser librement, pour transmettre pensées et sentiments, c'est-à-dire :
- Savoir improviser sur un instrument. Depuis toujours, l’improvisation a été pratiquée de manière naturelle, évidente, et ce, jusqu’au XVIIIè siècle, où n’importe quel musicien improvisait encore aisément. Puis avec la complexité du langage musical de notre musique « savante », et l’appauvrissement de la culture musicale vivante, elle s’est perdue, alors que sa pratique est essentielle autant qu’enrichissante.
- Savoir reproduire aisément n’importe quelle mélodie qui chante dans la tête, ou qu’on a entendu. Ne pas avoir besoin pour cela d’une partition, l’oreille pouvant guider les doigts en conscience.
- Savoir en faire quelque chose, l’harmoniser si on est pianiste (mettre des accords, un accompagnement « sous » la mélodie), d’oreille également donc, l’arranger, donc composer pour pouvoir le jouer à plusieurs.
- Avoir plaisir à jouer aux autres un morceau appris, à communiquer la musique, sans que ce soit un stress ou un défi tel qu’il nous rende presque malade.
- Savoir le jouer avec cœur, de manière artistique, l’interpréter, et non seulement l’exécuter.
« Vous êtes musiciens (...) si vous avez la musique non seulement dans les doigts, mais dans la tête et dans le coeur. » R. Schumann
L’instrument est donc au service de la Musique. Il est un outil pour rendre audible une musique vivante dans l’âme de l’artiste ; son apprentissage doit donc arriver en aval de tout un éveil des qualités musicales, ce qui est le propos des cours d’éveil et de formation de la CLE DES SONS
L’Art du piano veille, dans le cursus proposé, et dans la méthode de travail développée, à toujours partir de cette musicalité dont l’audition intérieure est la clé.
La clé de l’audition intérieure
Un mauvais musicien n’entend pas ce qu’il joue, un musicien correct l’entend, mais un bon, un vrai musicien, entend en lui la musique avant même de la rendre sur son instrument. C’est ce que permet par exemple l’improvisation (je joue ce que j’entends intérieurement), le jeu d’oreille (une mélodie me plait, je la joue), et c’est ce qui donne la maîtrise de son jeu dans les morceaux, permettant de trouver confiance et plaisir, et surtout de se rattraper si on a une petite défaillance. ( C’est l’oreille qui guide, et non les doigts).
« Les doigts doivent éxécuter ce que la tête a conçue, pas le contraire. » R. Schumann
Nos jeunes adolescents qui découvrent la musique (pop, rock…) sur leur guitare par exemple apprennent tout d’oreille, et ainsi la développent, avec un plaisir évident : pourquoi pas nos jeunes musiciens classiques, si toutefois on veille à ne pas court-circuiter la lecture, (ce qui peut manquer par contre dans les musiques actuelles) ?
L’audition intérieure est la faculté musicale par excellence, et elle est valable pour les 3 dimensions du langage musicale que sont le rythme, la mélodie, ou l’harmonie.
« Si en promenant vos doigts sur le clavier, vous rencontrez de petites mélodies c'est déjà un joli résultat; mais si, sans instrument, une de ces mélodies arrive seule à votre esprit, c'est encore mieux. C'est qu'alors le sens intérieur du son s'est éveillé en vous. » R. Schumann
Elle s’acquiert grâce à un processus pédagogique simple, et surtout très vivant, puisque à aucun moment le musicien ne se déconnecte du son (pour réciter par exemple des lignes de notes sans les chanter !)… ainsi les cours de solfège comme de piano sont un pur moment de plaisir, de vie, de créativité, où on apprend peu à peu à lire, écrire, et jouer ce que l’on entend, ce qui chante en dedans (et pour de bon !)
Comme le disait Mahler, compositeur autrichien : « Tout est écrit dans une partition, sauf l’essentiel », puisque l’essentiel c’est cette Vie que l’interprète, et l’auditeur recréent en leur for intérieur.
Développer sa musicalité
« Quand un programme d’exécution réussit à devenir un programme de formation esthétique, quand l’expérience musicale devient l’objet primordial de l’effort, on peut alors estimer que ce programme remplit les conditions d’une excellente éducation. » F. Liszt
La musicalité est à la source d’une pratique vivante. C’est là que le pianiste touche à la dimension artistique…. Ou non. En tant qu’auditeur, nous le sentons bien, car nous sommes parfois émus aux larmes à l’écoute d’un pianiste… et parfois pas, même si nous pouvons être admiratifs et pleins d’estime pour la prouesse du virtuose.
Jouer d’un instrument de manière artistique, c'est tout simplement solliciter par le biais de l'audition intérieure sa sensibilité et son imagination.
C’est pourquoi le bases musicales, telles qu’acquises à travers l’éveil, l’initiation, la formation musicale Willems sont indispensables.
« En musique et en art,il ne suffit pas seulement de savoir ou de comprendre. Il faut tout d’abord vivre et sentir. » E. Willems
Vivre le rythme corporellement par exemple permet de développer l’instinct rythmique, qui rend le jeu si vivant !
Chanter permet de ressentir la mélodie, son modelé, toute la finesse de son cours.
« Si on a un coeur droit, ..qu'on chante comme un oiseau sur la branche, la musique la plus authentique en sortira. » R. schumman
Développer son oreille, dans ses 3 dimensions, comme l’a montré E. Willems, la sensorialité, l’affectivité, et l’intelligence auditive, est un processus fin, subtil, et qui prend du temps.
Ecouter vraiment, de manière fine, pouvoir entendre l’harmonie par exemple permet de véritablement comprendre, c'est-à-dire « entendre » le discours, la structure, le sens d’un morceau, de l’oeuvre que l’on étudie.
A partir de ces bases, la culture de la sensibilité, de la créativité sont essentielles pour un artiste ; source de son imagination, de son intuition, elle est source de son art.
Grâce à celle-ci, la connaissance musicale devient Vie.
Or l’apprentissage de la Musique ne peut pas se faire… sans connaître, sans aimer la Musique, sans une véritable culture musicale, mais aussi plus large (littéraire, historique, poétique, esthétique, philosophique, etc….) Les grands maîtres de la génération précédent comme Kempf, ou Cortot avaient une très grande culture.
« Reposez-vous souvent de vos études musicales par la lecture des bons poètes. » R. Schumann
C’est pourquoi, il est mis l’accent sur la culture, à travers notamment l’Ecole de l’Auditeur , mais aussi en éveillant l’envie et la curiosité, et en faisant connaître la vie, la pensée, et la musique (pas seulement pianistique) des grands compositeurs.
Maîtriser sa technique
On peut en effet être le meilleur musicien qui soit, si le geste pianistique n’est pas souple, détendu, maîtrisé, et canalisé, il trahit l’intention du musicien.
« Vous voyez bien que pour exprimer tout ce qu’on sent, il ne faut être entravé par rien, il faut avoir les doigts tellement développés, si souples, avec une telle échelle de nuances toute prêtes dans les doigts, que le cœur puisse s’émouvoir et cheminer sans que les doigts soient jamais un obstacle. »F. Liszt
Car le son est directement lié au geste, et c’est lui, et seulement lui, qui va être le vecteur de l’expression. La Musique s’incarne à travers les gestes du pianiste, et pour les maîtriser, un certain nombre de prises de conscience sont nécessaires.
« La gestuelle « (terme inventée par elle-même), nous dit MC Calvet *, « traite directement des matériaux dont dispose l’interprète, et plus exactement du rapport intime du geste et du son. »
Ces prises de conscience doivent être sensorielles avant que d’être intellectuelles
Comme le dit D. Hoppenot : « Une idée, une suggestion ne prend de valeur en Musique que si elle est éprouvée sensoriellement. »
Les connaissances acquises, reliées à l’affinement de la conscience corporelle et de l’écoute permettent d’objectiver son jeu. Ainsi les tensions se libèrent, et l’élan musical, canalisé par une technique maîtrisée, peut s’épanouir et s’exprimer.
Ces connaissances portent entre autres sur :
- les éléments de la technique pianistique
- les différents touchers et modes de jeu
- la maîtrise des attaques et du son
- la lecture du texte et la compréhension des signes
- l’écoute intérieure, notamment harmonique et la compréhension du langage et des formes.
« Les connaître, c’est découvrir la syntaxe et l’articulation particulière de la musique elle-même et entamer une réelle formation pianistique. » MC Calvet
L ’art du toucher
Une chose est d’éveiller l’imagination, la culture, l’intuition musicale des élèves, une autre -et c’est le rôle du professeur- est de lui permettre d’avoir les moyens d’exprimer sa sensibilité avec fidélité : ici débute un long travail artisanal, basé sur le dialogue conscient de l’oreille et du geste
« Quand nous interprétons, nous sommes à l’écoute de notre sensibilité intérieure, et nous faisons appel inconsciemment à ces associations image-sensations qui constituaient le fondement de notre travail. » D. Hoppenot
« Ainsi se crée l’automatisme d’un véritable processus de créativité lorsqu’après l’apprentissage et la maîtrise totale de nos mouvements, la volonté artistique, l’écoute intérieure inverse le mécanisme : l’oreille déclenche le geste adéquat et peut enfin puiser sans risques dans une solide technique pour satisfaire les règles de l’art. » M.C. Calvet*
Ainsi peut naître le grand, le bel art du piano, art du toucher : : « la couleur du son (…) nait du modelage patient de nos mouvements », et l’interprète parle alors par le son, « par les infinies graduations de sa palette sonore. » MC Calvet
Alors le pianiste peut se libérer des contraintes de son instrument, parce qu’il les maîtrise.
« L’élan du toucher s’est manifesté dans les bras devenus mains et doigts. Les mains sont comme le rayonnement en gestes du centre humain qui est (..) le cœur. » F. Liszt
*MC Calvet a été le professeur de MH Barrier de 1997 à 2003. Voir le site « alterpiano »
Ainsi se met en place une saine méthode de travail, permettant autant d’affiner sa culture et sa sensibilité musicale que de développer ses moyens techniques, les deux se renforçant mutuellement.
Une voie d'éveil
Ce travail artisanal, au service de la Musique exige, et donc développe de nombreuses et magnifiques qualités : discipline, patience, persévérance, mais aussi humilité.
« Ambition, recherche du succès ou des approbations agissent comme des interférences angoissantes qui nous coupent du contact avec nous –même. » D. Hoppenot
En soi, l’art du piano est déjà un magnifique catalyseur, un chemin éducatif par excellence.
Mais il est plus, car il exige avec le temps une vraie connaissance de soi, et un travail intérieur intransigeant, mais si libérateur !
« C’est une voie d’éveil et de connaissance de soi, une recherche de mouvement qui va de l’intérieur à l’extérieur, rassemblant toutes nos énergies dans un courant unique de forces » D. Hoppenot
L’art du piano nous mène à l’art de vivre, et c’est toute une philosophie de la Vie que le pianiste sincère est amené à rencontrer sur son chemin.
« La patience naît de l’intérêt porté à ce qu’on fait et ne se développe que quand on ressent une satisfaction intérieure. Elle se transforme alors en volonté agissante. »
Une seule force : l’Amour, permet cette métamorphose
« Il est essentiel dans le travail de ne pas chercher le résultat de l’activité, mais d’orienter l’ardeur et le désir de perfection sur l’activité elle-même. » D. Hoppenot
Goûter pleinement la saveur du moment présent, dans la Joie de la concentration, sans attachement, sans crispation sur le fruit du travail, n’est-ce pas un art de vivre ?
De plus, à travers le son, et la portée des chefs d’œuvre que propose le répertoire de piano, c’est sa propre beauté, la profondeur de son âme que le pianiste est invité à rencontrer, éveiller. « L’âme reconnaît sa Beauté dans la beauté des formes sensibles »…
Comme l’ont exprimé tous les grands artistes, l’apprentissage de la Musique, nous baignant dans le son qu’elle nous invite à écouter, à chanter, à explorer, à canaliser, nous met en contact avec de très hauts « niveaux vibratoires», et nous élève.
Schiller, par exemple, mais avec lui de nombreux artistes, et déjà les philosophes grecs, ont montré le lien essentiel entre l’esthétique et l’éthique: « C’est par l’aurore de la Beauté que tu entreras au pays de la connaissance. »… et cette connaissance est d’abord connaissance de soi, maîtrise de soi et élévation intérieure.
Commencer l’apprentissage du piano, de la Musique, c’est donc entamer un chemin d’éveil, que chacun peut emprunter à sa guise, jusqu’à un véritable sacerdoce pour ceux dont c’est la vocation. Pablo Casals ne disait-il pas : « on entre en Musique comme on entre en religion » ?
Sans être appelé à un tel niveau, chacun peut trouver là une véritable, et magnifique voie d’éveil.
« La musique est la voie royale qui mène à la Lumière du monde. » M. Deschaussées